Des violences sexuelles: le livre de Nathalie Sierra-Scroccaro et l’EMDR dans les cas de dépression, addictions, phobies par le
Pr Gérard Ostermann…
Ce mois-ci deux évènements ont retenu notre attention. La sortie du livre sur les violences sexuelles, que nous conseillons à tous nos élèves, ainsi que l’article du Pr Gérard OSTERMANN… Et la présentation de la formation hypnose, EMDR – IMO sur l’endométriose aux douleurs pelviennes, énurésie, intestin irritable dans les violences intra-familiales.
Les violences sexuelles : approches cliniques
et thérapeutiques
Nathalie Sierra-Scroccaro, psychologue clinicienne, docteure en psychologie, en pratique libérale à Rennes.
La violence sexuelle interroge la subjectivité moderne dans une problématique du lien social. Elle vise la négation d’autrui et une volonté de l’asservir au niveau sexuel.
Selon l’Organisation mondiale de la santé, les violences sexuelles recouvrent « tout acte sexuel, tentative pour obtenir un acte sexuel, commentaire, avances de nature sexuelle, ou actes visant à un trafic ou autrement dirigés contre la sexualité d’une personne en utilisant la coercition, commis par une personne indépendamment de sa relation avec la victime, dans tout contexte, y compris, mais sans s’y limiter, le foyer et le travail».
De tout temps, l’espace domestique constitue un véritable lieu d’injustice et de violence. Et des phénomènes actuels tels que MeToo (violence commise par les hommes contre les femmes), MeTooGay (violences commises par les hommes contre d’autres hommes) ou MeTooInceste (violences commises contre les enfants au sein de la famille) engagent à ce titre une certaine politisation de la sexualité, dans la mesure où elle convoque une dimension inégalitaire. Dans cette perspective, l’intime est politique et devient – dans les sociétés démocratiques – un objet de revendication.
Néanmoins, cette libération massive et nouvelle n’engage pas une compréhension singulière de la sexualité et de ses avatars pour chacun d’entre nous. C’est à la psychologie de restituer cette dimension subjective des violences sexuelles, car grâce à la sexualité le sujet peut accéder à ce qu’il a de plus intime et de plus étranger en lui.
Ce livre donne des pistes de compréhension sur les diverses formes de violences sexuelles, ainsi que des outils théorico-pratiques pour en déplier les incidences subjectives et traumatiques. Cet ouvrage cherche également à appréhender les défis que pose cette clinique aujourd’hui, que ce soit du côté des nouvelles formes d’expression de la souffrance psychique, tant pour les victimes que pour les auteurs, ou du côté des réponses thérapeutiques pouvant être apportées. Les fiches peuvent se lire indépendamment les unes des autres, ou selon une suite logique. Les premières abordent des éléments de base, en présentant différentes formes de violences sexuelles. À partir de la fiche 6 sont développés des outils qui peuvent intéresser les étudiants ou les professionnels du champ médico-psycho-social par des repères pratiques, une sensibilisation à la question du genre, des possibilités d’orientations et des implications judiciaires qui sont spécifiques de cette clinique.
Pr Gérard Ostermann
Médecin interniste, psychothérapeute et praticien EMDR Europe (Bordeaux)
Dépression, addictions, phobies…
L’intérêt de l’EMDR, une thérapie douce.
Source : Topsanté
Surtout connue dans le traitement du syndrome de stress post-traumatique, l’EMDR, qui utilise notamment le mouvement des yeux, est de plus en plus pratiquée pour chasser les phobies, les addictions ou la dépression.
En France, c’est le livre « Guérir » du psychiatre David Servan-Schreiber qui a fait connaître l’EMDR (« désensibilisation et retraitement par le mouvement des yeux » en français). Elle a été découverte par hasard aux États-Unis, il y a une trentaine d’années, par la psychologue Francine Shapiro : elle s’était rendu compte que suivre du regard des vols d’oiseaux l’aidait à chasser ses idées noires, L’efficacité de cette méthode de psychothérapie qui soigne l’esprit en faisant bouger les yeux a été reconnue par de nombreuses études.
L’EMDR, c’est efficace ?
Parler d’un traumatisme qui nous affecte n’est souvent pas suffisant pour guérir : il est important de passer aussi par le corps et par les émotions. Les mouvements oculaires favoriseraient la formation de nouvelles connexions entre les souvenirs du traumatisme. Au cours de la séance, grâce à l’attention portée simultanément à la situation problématique et aux stimulations sensorielles dans le présent, des informations apaisantes sont transmises aux régions du cerveau impliquées dans la peur. Les images, les sons et les sensations liés au traumatisme stockés dans le cerveau, prêts à se réactiver au moindre rappel, basculent alors dans la pensée rationnelle et sont archivés dans le passé.
“Cela permet de libérer l’amygdale, la partie du cerveau liée aux émotions, de faire appel à ses propres ressources et de “digérer” le traumatisme, un peu comme quand on rêve” , indique le Dr Gérard Ostermann.
Comment se déroule une séance ?
Mis en confiance par le praticien, on est d’abord invité à parler des éléments marquants de sa vie. Puis la méthode est expliquée et la séance peut commencer. Le praticien propose de penser à un “lieu sûr” où l’on se sent bien (une plage, une clairière, un chalet). Puis il demande d’évoquer la situation problématique, la pensée négative (“je suis en danger”), l’émotion désagréable (la peur), ainsi que la pensée positive que l’on veut mettre à la place (“je suis en sécurité, j’ai les ressources pour m’en sortir”). “J’invite alors la personne à suivre du regard le balayage de ma main de gauche à droite en gardant à l’esprit en même temps le passé traumatisant et le présent sécurisant, ainsi que les sensations dans le corps, explique le Dr Ostermann. Je parle très peu, juste quelques mots de soutien… Si elle traverse des émotions intenses, elle peut revenir à tout moment dans son lieu sûr, sa clairière, son chalet”. Une autoévaluation du malaise (de 1 à 10) est faite avant et après.
On termine par un temps de parole et un “scanner du corps”(connu des adeptes de la sophrologie) pour évaluer les sensations des pieds à la tête. Le tout dure d’une heure à une heure trente. Les séances suivantes sont souvent un peu plus courtes, on travaille sur la même situation ou sur une autre.
Les mouvements des yeux sont-ils systématiques ?
Au début, on n’utilisait que les mouvements oculaires, mais l’on s’est rendu compte depuis que d’autres stimulations bilatérales avaient le même effet : tapping (tapotements sur les rotules, les mains ou les épaules), stimulation auditive (des écouteurs délivrent des sons alternatifs) ou capteurs qui vibrent dans chaque main. “Certaines personnes sont plus auditives que visuelles… Je cherche le canal sensoriel privilégié de chacun et j’utilise ce qui marche le mieux”, précise notre expert.
Que peut-on traiter avec cette méthode ?
Si l’EMDR a d’abord été validée dans le stress post-traumatique, les études ont montré depuis que cette méthode soignait aussi les phobies, les attaques de panique, les addictions, les troubles du comportement alimentaire… Mais aussi les deuils difficiles, l’anxiété, la dépression et ses rechutes, et même la douleur. La thérapie fonctionne dès lors qu’un trauma, même minime, est à l’origine du problème. Pour une dépression, cela peut être une rupture, un licenciement, une blessure de l’enfance…
“L’EMDR nettoie les traumatismes parfois oubliés, qui ont été “avalés” sans être “digérés” et restent donc figés dans le corps comme un bloc. Parfois le résultat est spectaculaire : je me souviens d’une femme violée par son prof de musique dont le visage s’est transformé à la fin d’une séance… Elle voyait toujours la scène, mais cela ne lui faisait plus rien” , raconte le Dr Gérard Ostermann.
Quelle est la durée du traitement ?
L’EMDR a l’avantage d’agir beaucoup plus vite que la plupart des autres méthodes, y compris les TCC (thérapies cognitivo-comportementales), en moyenne en cinq à dix séances d’une heure. “Souvent, un traumatisme en cache un autre, plus ancien et plus profond qui revient à la surface. On les traite successivement à chaque séance, jusqu’à s’en débarrasser complètement. Le résultat de l’EMDR est durable, ce qui est acquis est acquis” , souligne notre expert. Elle fonctionne également très bien avec les enfants.
À qui s’adresser ?
Même si la technique paraît simple et presque magique, elle ne se limite pas à l’aspect mécanique du mouvement des yeux ou de la stimulation alternée, mais prend aussi en compte les émotions, la verbalisation… Comme toute thérapie, elle nécessite une formation en psychologie et une solide expérience pour soutenir et guider la personne. Il est donc important de s’adresser à un praticien accrédité.
De façon presque hypnotique (ici en suivant des yeux le doigt du praticien), on va “stocker” dans son cerveau les émotions négatives, et ainsi “digérer” un stress, un trauma…